Voici une fatwa similaire à la précédente dans laquelle Shaykh Ibn Bâz donne son avis sur l'établissement des lois séculaires. Un avis qui rejoint entre autre celui du Skaykh Al Albânî et de Shaykh 'abdal Muhsin al 'abâd .
Question : Est-ce que le remplacement (de la Shari’ah) par les lois séculaires (tabdîl ul qawânîn) est considéré comme une mécréance majeure expulsant de la Religion ?
Réponse : Lorsqu’il rend cela licite (istibâha). Lorsqu’il rend cela licite de juger par une loi autre que la Shari’ah, il devient un mécréant avec la mécréance majeure, s’il rend cela licite. Mais quand il le fait pour des raisons spécifiques, par désobéissance à Allâh, par corruption, pour plaire à quelqu’un, et qu'il sait que c’est harâm alors c’est du kufr dûna kufr (mécréance dite mineure qui n’expulse pas de la Religion).
S’il le fait en le déclarant licite, alors c’est du kufr akbar. Comme l’a dit Ibn ‘Abbâs au sujet de la Parole d’Allâh ta’âlâ :
« Et ceux qui ne jugent pas par ce qu’Allâh a révélé, les voilà les kâfirûn » (Al Ma’idah : 44)
Ainsi il a dit : « Ce n’est pas comme celui qui a mécru en Allâh, mais c’est du kufr dûna kufr. »
Cela signifie que quand il déclare cela permis (istahalla) de juger par les lois séculaires, ou déclare licite de juger par ceci ou cela, ou de juger par telle ou telle Shari’ah, alors il est kâfir.
Mais s’il le fait pour un dessous de table, ou a cause d’une animosité qui existe entre lui et celui qui est jugé, ou dans le but de satisfaire une partie de la société, ou tout ce qui ressemble à ceci alors c’est une mécréance mineure.
Question : Existe-t-il une différence entre le tabdîl (remplacement) et le fait de juger dans un cas particulier ?
Réponse :S’il ne désire pas le istihlâl, mais l’a fait pour d’autres raisons, alors c’est du kufr dûna kufr.
Quant à celui qui dit : « Il n’y a pas de mal à juger par autre que ce qu’Allâh a révélé » même s’il dit que la Sharî’ah est meilleure cependant il dit : « Il n’y a pas de mal la dedans, c’est permis » on le considère mécréant (coupable de) mécréance majeure, sans se soucier s’il dit que la Sharî’ah est toujours meilleure ou égale ou que c’est mieux que la Sharî’ah : ceci est une mécréance (majeure). »
Question : Cela signifie que cela englobe à la fois le tabdîl et ce qui est autre que le tabdîl, cela couvre tous les types ?
Réponse : Cela englobe toutes les formes, c’est dans toutes les formes. (…)
Tiré de Hiwâr Hawla Masâ’il at Takfir publié par Maktabah al Imâm Adh Dhahabî
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Cette question laisse place à une divergence entre les savants. Dans son sharh de Kitâb ut Tawhîd, le noble Shaykh Sâlih Ibn Abdul ‘Azîz Al Ash Shaykh dit dans la cassette N°12 :
(…) Quant à celui qui ne juge absolument (batâtan) pas par ce qu’Allâh a révélé et juge constamment et entraîne les gens (à obéir) à autre chose que la Sharî’ah d’Allah, certains Hommes de Science ont dit qu’il doit être déclaré totalement mécréant comme le kufr de celui qui légifère les lois séculaires car Allâh a dit : « C’est le jugement du taghut qu’ils désirent » donc Allâh a fait de celui qui désire juger par autre que la Sharî’ah d’Allah un taghut et Il dit : « Et Il leur a été certainement ordonné de mécroire en lui (at taghut) ».
Et il y a des hommes de Science qui disent : « Même cette catégorie, il ne faut pas le déclarer kâfir jusqu’à qu’il déclare cela halâl car il se peut qu’il fasse cela avec la croyance qu’il est désobéissant, de ce fait le jugement sur cette personne est tel le jugement sur les gens comme lui parmi les mujrimûn (criminels, scélérats) qui sont sur la désobéissance et qui ne se sont pas repentis. » (…)
Par la suite le Shaykh explique que l’avis authentique pour lui est le premier et que c’est l’avis de Shaykh Muhammad Ibn Ibrahim dans Tahkîm ul Qawânîn.
Cela dit, le Shaykh dit bien qu’il y a divergence sur la question.
Abû Taymiyah